Le 2 janvier 1982 restera mémorable: Michel POLAC a besoin de donner un second souffle à son émission TV "Droit de Réponse" et doit trouver un thème fort; la mort de Charlie Hebdo lui semble un thème en vue pour son émission du 2 janvier; la nature du journal, la réputation de l'équipe promettait une émission animée et il n'a pas été déçu. Toute l'équipe avait été invitée, mais à la table de débat ne siégeait que CAVANNA, parmi des journalistes bien-pensants et beaux parleurs tels que Alain JAMET et Jean-François KAHN, et Jean BOURDIER de "Minute"; pour rehausser le niveau on avait invité RENAUD, GAINSBOURG, Valérie MAIRESSE et quelques lycéens pour avoir l'opinion de la jeunesse. CHORON, pourtant co-fondateur et directeur du journal avait été mis à l'écart avec les obscurs et les sans-micro !

CAVANNA tout seul essaie d'expliquer la mort du journal, mais très vite POLAC lui coupe la parole pour la donner aux lycéens, qui n'étaient pas lecteurs et déversaient des lieux communs sur un journal qu'ils ne connaissaient pas: "journal de vieux, qui ne fait pas rire, trop irrespectueux,..."

C'en est trop pour CHORON qui ronge son frein depuis le début de la préparation de l'émission en s'alcoolisant au Whisky tellement il s'ennuyait; il explose et bondit vers la table de débat et engueule les lycéens: "Ils n'ont rien à dire ! Ce sont de petits ânes qu'on nourrit !" Il les traite de "petits merdeux", de "petits cons " à la télévision, bourré en plus; quel scandale !

Des gorilles viennent le ceinturer et le ramener de force en fond de salle. À partir de ce moment là JAMET et KAHN vont monopoliser le micro et devenir insupportables pour CHORON qui tente à nouveau d'exploser mais les gorilles de POLAC ne lui en laissent pas le temps et l'expulsent en dehors du plateau.

POLAC ensuite interroge BOURDIER de "Minute" et c'est au tour de GAINSBOURG d'agresser verbalement "Minute", puis de SINE, vieil anar bourré lui aussi, de sortir de ses gonds et de l'insulter; dépassé par les événements, POLAC fait passer une bande préenregistrée des STARSHOOTER, pendant laquelle SINE a cassé la gueule à BOURDIER qui quitte le plateau. Retour au direct et nouveaux discours moralisateurs de JAMET et KAHN sur la tolérance et SINE excédé se lève et hurle: "POLAC, tu files toujours la parole à ces cons et jamais à nous; on vous emmerde et on emmerde JAMET, et on emmerde "Minute", vous pouvez crever, connards !" Tout le monde gueule, RENAUD réussit à dire en parlant des lycéens qu'avant on disait "fils de cons" mais que maintenant on pourrait dire "parents de cons", GAINSBOURG gonfle des ballons de baudruche et les fait siffler et l'émission se termine.

Le lendemain scandale national dans la presse: "vieux voyous", "bande de porcs", "éponges à whisky", "télé-chienlit", "Crève, Charlie !"; CHORON et SINE sont les plus visés, traités d'énergumènes alcooliques.

Et si tout ceci avait été sournoisement orchestré par POLAC pour relancer son émission ? Il devait bien se douter qu'en mettant CHORON sur la touche ( et en lui mettant à disposition des boissons alcoolisées pour se stimuler ), lui le directeur des Editions du Square, il ne pourrait pas rester sans réagir à la diarrhée verbale de JAMET, KAHN ou BOURDIER, à écouter discourir les bien-pensants sur la mort de son journal.

Grà¢ce à lui POLAC a eu son émission réussie au delà de ses espérances.


Titi